Dans la catégorie littérature young adult ou adolescente, il est impossible d’ignorer les sorties des romans de Céline Musmeaux. Déjà, parce que cette autrice est très productive : elle sort un livre par mois ! Et puis surtout, chacun de ses livres parvient à se classer numéro des ventes sur Amazon à sa sortie. Il n’en fallait pas plus pour qu’on s’intéresse à l’œuvre de cette jeune femme.
Le jour où je suis devenue jolie est sorti le 15 Juin 2019, et ce roman est taillé sur mesure pour un public jeune et porté sur les histoires d’amour.
C’est quoi l’histoire ?

Tout se passe bien jusqu’à ce que trois filles s’intéressent du jour au lendemain à Stella, se mettant notamment en tête de la relooker de la tête aux pieds. D’où le titre du roman.
le problème
Évidemment, les trois nouvelles venues ne sont pas là pour jouer les marraines à la Cendrillon, elles veulent surtout copiner avec Stella pour pouvoir se rapprocher d’Alan car l’une d’entre elle est tombée amoureuse de lui. De son côté, Alan est contrarié de voir Stella s’éloigner de lui pour passer plus de temps avec des filles qu’il juge malveillantes.
Peu importe, Stella se transforme au contact de ses nouvelles amies et devient beaucoup plus féminine. Devenue encombrante pour ses copines, celles-ci n’hésitent pas à vouloir se débarrasser d’elle en lui trouvant un petit ami, Eliott, mais Stella fait de la résistance car non seulement elle n’a aucun sentiment pour lui et puis surtout il tente d’abuser d’elle à une fête bien arrosée.
Heureusement, Alan était là pour lui éviter le pire et ramener Stella chez lui, en sécurité. Sur le chemin du retour, et certainement sous le coup de l’adrénaline, il lui avoue ses sentiments et ils se mettent en couple. Mais Stella veut garder leur histoire secrète, car elle ne veut pas blesser Louna, sa copine dont elle n’a pas encore compris que c’est une arriviste sans cœur.
Mon avis sur Le jour où je suis devenue jolie
Les personnages.
Alan
Alan est le personnage le plus intéressant, il m’a semblé être le plus équilibré. C’est rare aussi dans la littérature pour adolescents que l’on traite le sujet de l’amour non réciproque d’un point de vue masculin. Donc rien que pour ça, le livre a un certain intérêt. C’est d’autant plus bien traité que ce personnage ne se noie pas dans des clichés du style : solitude, amertume, etc. Non il garde ses sentiments pour lui mais continue à traiter Stella avec bienveillance, et il ne s’isole pas car il a un petit groupe d’amis fidèles, toujours prêts à l’aider en cas de besoin. Bref, c’est un gamin qui a vie saine.
Stella
Stella est déjà un peu plus difficile à comprendre pour les lecteurs. Au premier abord, elle ressemble à une adolescente mal dans sa peau et on se dit que les jeunes lectrices vont pouvoir facilement s’identifier à elle, et puis au fil de l’histoire on s’en détache un peu car elle se crée des problèmes toute seule. Une reine du drame, en somme.
Son meilleur ami lui dit qu’elle l’aime ? Elle l’aime aussi ? Au lieu de se rouler dans le bonheur, elle complique tout en voulant créer des secrets et rester amie avec des filles qui lui parlent mal. Sans compter les « qu’est-ce qu’on va devenir ? » à répétition, comme si le fait d’avoir trouvé l’amour était une maladie grave. Elle se pose en victime de la vie même quand tout va bien… ce qui me laisse perplexe.
Une volonté de l’autrice?
Est-ce que c’est voulu par l’autrice de caricaturer à ce point son héroïne ? Les réseaux sociaux grouillent de ce genre d’ados qui aiment se faire plaindre pour tout et n’importe quoi, donc peut-être que Céline Musmeaux a voulu leur créer une égérie taillée sur mesure. Le tout drapé dans une passivité qui là aussi me laisse perplexe… Quand Stella est harcelée sur les réseaux sociaux, elle ne fait rien. Elle laisse Alan gérer ça, et se contente de lire les commentaires haineux. Même bloquer les comptes de haters elle ne sait pas le faire toute seule!
Bref, si au début de l’histoire on la trouve bien gentille, au fil des pages Stella use la patience du lecteur.
L’ambiance.
Pour avoir lu plusieurs romans de Céline Musmeaux avant d’en commenter un, il y a quelque chose qui est commun à tous : c’est le périmètre de vie très restreint des personnages. Toute l’histoire se déroule quasiment en vase clos entre leur logement, le lycée et la piscine. Certains trouveront ça lassant, pour ma part je trouve que c’est un petit coup de génie car ça permet bien de ressentir l’univers très limité des adolescents. Ça crée une ambiance oppressive, très propice justement au thème du harcèlement.
Le style.
Bon, avec un rythme d’un roman par mois, on ne peut pas s’attendre non plus à un chef d’œuvre. La plume de l’autrice s’est améliorée au fil des romans mais il reste des lourdeurs. Chaque chapitre se termine par une espèce de résumé des pensées du personnage, le tout en italique, et c’est à mon goût inutile. Ensuite il y a le problème de certaines expressions qui reviennent trop souvent. Dans ce livre, c’était « se prendre des coups de pelle » et « faire le canard » (à toutes les sauces). Ça rend la lecture lourde et parfois pénible. Et puis pour chapeauter le tout, il y en a peu mais il y en a : des fautes d’orthographe qui piquent les yeux. C’est le rôle de la maison d’édition de gérer ce genre de choses.
Alors globalement ?
Globalement, c’est une lecture sympa pour des lecteurs qui peuvent s’y projeter, donc forcément les lecteurs seront jeunes. Le livre est écrit pour eux, ça se sent à chaque page. A lire pour passer le temps agréablement, mais il ne faut pas en attendre plus. C’est dommage d’ailleurs car on sent chez l’autrice une sensibilité qui mériterait d’être développée dans un rythme de publication qui lui permettrait de mieux peaufiner ses romans en donnant par exemple plus de profondeur aux personnages. On recommande donc aux jeunes lecteurs !