Œuvre majeure de la littérature britannique, Le château de Cassandra (I capture the castle en version originale), est un roman qui s’adresse à la jeunesse mais qui trouvera également son public auprès des adultes, tant l’histoire est intemporelle.
Dodie Smith, l’auteure du Château de Cassandra, est une romancière anglaise surtout connue du grand public pour avoir écrit Les 101 Dalmatiens en 1956. C’est pourtant dans Le château de Cassandra que l’on retrouve toute la délicatesse de son écriture et toute l’étendue de son talent dès 1948.
Le château de Cassandra , c’est quoi l’histoire ?
L’histoire du roman se déroule dans les années 1930, dans la campagne anglaise. C’est Cassandra, une jeune fille de 17 ans, qui nous la raconte à travers les pages de son journal intime. La famille Mortmain vit dans un château qui est dans un état de délabrement avancé, dans une pauvreté qui commence à peser terriblement sur le moral des troupes. Mr Mortmain, un homme de lettres reconnu, était pourtant persuadé de trouver en ce lieu fascinant toute l’inspiration dont il avait besoin pour s’atteler à la tâche de la rédaction de son second roman.
Son premier roman, Jacob luttant, a rencontré un tel succès planétaire que l’excentrique Mr Mortmain a été érigé en génie de la littérature, mais il s’est également retrouvé avec un blocage psychologique insurmontable lorsqu’il lui a fallu donner une suite à son œuvre. Pendant un certain temps la famille a vécu sur les ventes de Jacob Luttant, mais le temps passant, les revenus sont devenus quasiment nuls et plus personne ne croit possible que Mr Mortmain publie à nouveau quoi que ce soit puisqu’il lui est devenu totalement impossible d’écrire.
Les enfants Mortmain s’adaptent plus ou moins à la situation, sauf Rose qui est particulièrement desespérée à l’idée de mourir vieille fille et pauvre, oubliée de tous dans ce château qu’elle déteste.
La chance tourne pourtant en sa faveur lorsqu’un soir de pluie deux jeunes américains, Neil et Simon, voient leur voiture s’enliser dans la boue non loin du château où ils finissent par venir chercher un peu d’aide. Ils y font la connaissance d’une partie de la famille Mortmain. Cassandra, d’abord, puis Rose dont la beauté ne leur échappe pas.
Simon se trouve être un grand admirateur du seul et unique roman de Mr Mortmain, et le hasard faisant bien les choses, puisque les deux américains sont les nouveaux voisins de la famille Mortmain, ils les invitent à venir diner chez eux un soir de semaine pour faire connaissance. L’occasion pour Rose, toujours prête à tout pour accéder à une nouvelle vie hors de ce château en ruines, de tenter de séduire un peu plus Simon qui est l’ainé de Neil et donc l’héritier d’une belle petite fortune.
Mon avis sur Le château de Cassandra
J’ai lu ce roman il y a bien longtemps mais j’avais eu un tel coup de cœur pour lui que lorsqu’il a été ré-édité, je n’ai pas pu m’empêcher de l’acheter. Et même avec des années de recul, la magie a de nouveau opéré et je l’ai trouvé toujours aussi merveilleux.
En soi, l’histoire n’est pas extra-ordinaire au sens premier du mot, elle ne met pas en scène des personnages aux pouvoirs hors du commun. Au contraire, ce roman a été écrit à une époque où les récits reposaient beaucoup leur succès sur l’aspect psychologique des personnages, sur des intrigues bien ancrées dans le monde réel. Au final cela donne l’impression au lecteur d’être dans un coin de la pièce, près du feu, à regarder les personnages évoluer dans leur quotidien comme s’il était invisible à leurs yeux. On ressent une forte proximité avec eux.
Rose et Cassandra qui vivent leurs premiers émois et déboires amoureux, c’est la colonne vertébrale de l’intrigue du Château de Cassandra. Autour de ces deux jeunes filles, il y a d’autres personnages savoureux. Le père Mortmain en artiste torturé, en génie incompris… La belle-mère, Topaz, exhibitionniste à ses heures et ancienne muse d’artistes connus…. Steven, le jeune homme à tout faire de la famille Mortmain, qui est amoureux de Cassandra et dont elle ne sait que faire…. Les deux frères américains, également ! Simon qui aime Rose et qui devrait nager dans le bonheur…. et Neil son frère qui n’héritera d’aucun titre de noblesse et certainement pas autant d’argent, mais qui a une liberté d’expression beaucoup plus grande.
Ce livre met en scène beaucoup de personnages qui sont tous plus ou moins prisonniers de leur condition sociale, ou de leur condition de femme dans le cas de Rose et Cassandra dont le moyen le plus sûr d’échapper à la pauvreté est de se marier avec un homme riche.
Je recommande chaleureusement ce roman à tout le monde, même s’il est orienté « littérature jeunesse ». Sa lecture sera un moment d’évasion et de douceur. A noter que ce roman a fait l’objet d’une adaptation au cinéma en 2003, vous pourrez trouver très vite notre présentation de ce film sur notre blog littéraire Plume Bleue.
