Gretchen Rubin est une blogueuse américaine, auteure de plusieurs livres dont certains se sont classés parmi les « New York Times Best Sellers ». Aussi lorsque j’ai eu l’occasion de lire « Les 4 profils », j’ai sauté sur l’occasion car j’étais assez curieuse de mieux comprendre comment Gretchen Rubin catégorise les gens en fonctions de leur personnalité.

Le concept des quatre profils

Car c’est là tout le concept des quatre profils, il y aurait donc d’après Gretchen Rubin des personnes disciplinées, pointilleuses, dévouées ou rebelles.  

Pour savoir à quelle catégorie appartient le lecteur, il y a même dans les premières pages un questionnaire. Cependant, étant donné que chaque type de personnalité est détaillé dans le livre, je pense que le lecteur n’aura aucun mal à se retrouver dans l’une des quatre tendances ou profils dont Gretchen Rubin dresse le portrait, qualités et défauts inclus.

Car c’est bien là l’intérêt de ce livre, que pour ma part je classe dans le développement personnel : il s’agit pour le lecteur de mieux se comprendre en s’identifiant à l’un des 4 profils, et ensuite de mieux appréhender un changement d’attitude ou amorcer une meilleure productivité en fonction de ce que l’auteure conseille.

Quels sont les 4 profils?

Ceux qui se retrouveront dans le profil DISCIPLINE n’auront par exemple besoin d’aucun stimuli pour se montrer à la hauteur de leurs propres attentes ou de celles des autres. Mais ils devront se méfier du burn-out (avec conseils à la clé).

Les POINTILLEUX posent beaucoup de questions et ont besoin de donner un sens concret à chacune de leurs actions. Les REBELLES n’ont ni Dieu ni Maître, ils sont un peu artistes dans l’âme et répondent à l’inspiration…mais seulement s’ils en ont envie. C’est le profil le plus compliqué à gérer car on ne peut pas compter sur eux du tout.

Et il y a les DÉVOUÉS, ceux qui se débrouillent toujours pour être à la hauteur des attentes des autres mais qui sont incapables de mener à bien leurs propres projets et procrastinent toute la journée. Ce serait d’après Gretchen Rubin la majorité de la population. Sans une autorité pour leur dire quoi faire ou à qui rendre des comptes, ces personnes sont incapables d’aller au bout de quoi que ce soit.

Quel est mon avis sur Les 4 profils ?

Les 4 grandes tendances dégagées par Gretchen Rubin m’ont semblé, à la première lecture, plutôt bien observées, et surtout j’ai aimé la description en détails de chacune d’entre elles. A coups d’exemples bien trouvés, l’auteure nous peint un portrait de chacune d’entre elle très réaliste, très concret.

Cependant, il y a des failles dans ce système de répartition.

Pour commencer le test qui est fourni dans le livre n’est pas très subtil et il est très facile d’associer tel ou tel profil à chacune des réponses proposées. Car OUI, il s’agit d’un Q.C.M. .  

Toujours en parlant du test, il se trouve que je l’ai fait, et que je me suis retrouvée à égalité entre deux catégories. Pas de problème ! L’auteure conseille, dans ce cas de figure, de suivre son instinct pour déterminer quelle catégorie est la mienne. J’ai envie de dire, à quoi bon passer le test si je peux y aller à l’instinct ?! Mais bon, j’ai suivi les ordres du chef… et j’ai passé le reste de la lecture à retrouver des traits de ma personnalité dans les deux profils différents.

Un système limité

En fait, Gretchen Rubin est bien consciente des limites de son système de classement de la population, car après avoir dressé le portrait des 4 profils, elle a temporisé en indiquant que certains peuvent se retrouver aussi un peu dans la catégorie d’à côté. Et quant je dis la catégorie d’à côté, vous pouvez comprendre qu’il y a un graphique en plein milieu du livre pour mieux visualiser de quoi on parle.

Sauf qu’en fait, il n’y a que 4 profils, et qu’en fait le soucis -à mon humble avis- c’est qu’ils sont un peu caricaturaux. Je veux bien que ceux qui font partie du profil discipline soient des machines de guerre qui n’ont besoin de personne pour commencer et finir leurs projets, mais je ne connais personne qui ne procrastine jamais. Même Elon Musk qui est hyper productif s’adonne aux jeux vidéo et passe trop de temps sur Twitter, Gretchen!

Parmi les dévoués à qui l’auteure conseille de s’inscrire à des groupes pour augmenter leur productivité, j’imagine qu’un bon nombre sait se motiver tout seul si ce qu’il doit faire a un sens particulier pour lui. Alors pourquoi ne sont-ils pas classé parmi les pointilleux qui eux ont besoin de sens?

Analyse de l’exemple

Gretchen Rubin prend l’exemple d’une amie qui lui a confié qu’à la fac elle courait beaucoup et faisait partie de l’équipe du lycée, mais que depuis qu’elle est entrée dans la vie active elle ne sait plus se motiver. C’est d’ailleurs l’exemple qui sert de constat de départ à ce livre, il est donc très significatif.

Gretchen Rubin estime que son amie est une dévouée qui courait beaucoup à la fac parce que justement elle faisait partie d’un groupe. Une fois l’effet de groupe sorti de l’équation, la pauvre femme n’arrive plus à rien. Solution trouvée : qu’elle se trouve un partenaire pour aller courir !

Ça me semble extrêmement simpliste, parce que ça écarte beaucoup trop de facteurs. Peut-être que l’amie en question a d’autres problèmes qui font qu’elle n’arrive pas à aller courir. Peut-être qu’elle a pris beaucoup de poids depuis la fac et qu’elle sait qu’elle va souffrir en se remettant à la course ? Ou peut-être est-ce l’environnement qui ne s’y prête pas ? Peut-être a-t-elle des contraintes horaires qui font qu’elle n’a tout simplement pas envie d’aller courir aux heures où elle le pourrait ?

Quid aussi de toutes ces personnes qui suivent des thérapies de groupe. Est-ce qu’en dehors du groupe ces personnes n’ont aucune chance de faire quoi que ce soit ? Et les personnes qui s’inscrivent aux programmes de perte de poids type Weight Watchers et qui assistent aux séances de groupe? Elles ont tout de même pour la plupart tenté de perdre du poids par elles-mêmes avant de s’inscrire ! Ne peut-on pas tout simplement éviter de dévaluer leurs efforts personnels ? Ne peut-on en toute honnêteté dire que le fait de s’inscrire à un groupe est dans la continuité de leur démarche individuelle ? Ce qui ferait d’elle des disciplinées et non plus des dévouées.

Ce que je reproche à cette théorie des 4 profils, c’est vraiment son manque de subtilité. Quand Gretchen Rubin conseille par exemple aux dévoués de se sentir redevable en créant des to-do lists, je suis quand même perplexe. Une liste pour soi n’a rien en commun avec un facteur externe comme un groupe. Faut-il aussi en déduire que les disciplinés ne font jamais de liste « à faire » ?…

En résumé…

Bref on part avec de bonnes intentions et parfois des observations suffisamment justes pour que chaque lecteur puisse s’y retrouver et se projeter dans au moins l’un des quatre profils, mais on touche vite aux limites de cette analyse psychologique. Pour sa défense, Gretchen Rubin n’est pas psy.

Est-ce que je recommande ? Oui, je recommande car c’est un bon divertissement et l’on y trouve quelques sujets de réflexion intéressants, mais vraiment, il faut prendre ce livre avec des pincettes et ne pas trop s’y investir, il n’est au fond le fruit de la créativité que d’une seule personne et ne repose sur aucune étude scientifique.

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